Pendant une quinzaine de jours, l’Atrium de la cité scolaire Paul Arène, a été le théâtre d’une extraordinaire exposition de textes et de photos intitulée ‘‘Parcours de Harkis et de leurs familles’’. Les élèves et leurs professeurs ont pu vivre dans le détail, en textes, photos et articles de presse, les conditions de vie des Harkis à leur arrivée en France, et notamment à Sisteron lorsqu’ils ont été littéralement ‘‘parqués’’ (il faut savoir le dire) au hameau de Forestage, à l’emplacement actuel des ‘‘Techniciens de l’eau’’, à la sortie Nord de Sisteron. C’est à l’initiative de la bien connue, Christiane Gherbi, secrétaire de la proviseure Corinne Ghesquier, et par ailleurs adjointe du maire de Sisteron, Daniel Spagnou, ainsi que de Jocelyne Tamazirt, employée communale, que l’exposition a eu lieu.
Corinne Ghesquier s’est empressée de soutenir ce projet historique et ludique !
« Lorsque Christiane Gherbi, qui est mon bras droit, m’a demandé mon accord pour ce beau projet, j’ai immédiatement accepté ! » Il y a quelques jours, une cérémonie poignante a réuni de nombreux élèves de l’établissement, ainsi que nombre de personnalités autour des organisatrices de l’exposition et de Corinne Ghesquier. Parmi les présents, on remarquait Daniel Spagnou, Robert Gay, vice-président du Conseil départemental et maire de Mison, Mickaël Cabbeke, directeur départemental d’Académie, Paul Boulvray, commandant le groupement de Gendarmerie de Digne-les-Bains, Grégoire Lafay, commandant la communauté de brigades de gendarmerie de Sisteron, Xavier Jacob, commandant la brigade de gendarmerie de Sisteron, Virginie Bresset, de l’Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre, et bien sûr les organisatrices et les professeurs, comme Céline Roggi, qui ont accompagné les élèves dans cette exposition.
Relégués hors des centres-villes Corinne Ghesquier, en proviseure attentive et très impliquée, a méthodiquement retracé la chronologie des faits qui ont donné naissance à la tragique histoire des Harkis, sans omettre de rappeler les nombreuses injustices et discriminations dont ils ont été victimes à leur arrivée en France. Dans une longue énumération, elle a rappelé que 75 hameaux de Forestages ont été construits en France ‘‘dans des préfabriqués’’, en zone de montagne, dont quatre dans la région (Ongles, Jausiers, Saint André-les-Alpes et Sisteron. Ici, furent construits 14 bâtiments de 2 logements chacun, où seront installées 30 familles de Harkis ! Avec Manosque ensuite, il y aura 5 hameaux de Forestage dans le département, comptabilisant près de 700 personnes. « Ces familles sont reléguées en dehors des villes, contraintes à l’entre soi, mises sous tutelle alors que les hommes accomplissaient quotidiennement, pour le compte des eaux et forêts, de lourds travaux d’aménagements forestiers, reboisements, ouverture de pistes, dans les massifs du département. » Certains Harkis ne feront que passer, d’autres y resteront plus de 10 ans avant d’être relogés dans des ensembles comme à Beaulieu : « Les relations avec la population seront marquées par la suspicion au départ, et deviendront cordiales au fur à mesure du temps. » Il ne faut pas se voiler la face, car l’histoire du passé construit notre avenir. Le directeur d’Académie a tenu à souligner : « Les parcours individuels construisent notre histoire commune, mais l’histoire n’est-elle que le récit du passé ? »